jeudi 8 août 2013

Choses Normandes



Du milieu si paisible et doux de toutes ces choses végétales on peut regarder la paix des mers, ou la mer orageuse, et les vagues couronnées d’écume et de mouettes, qui s’élancent comme des lions, faisant onduler sous le vent leur crinière blanche. Mais la lune, invisible à tous pendant le jour, mais qui continue à les trouver de son magnifique regard, les dompte, arrête soudain leur assaut et les excite de nouveau avant de les faire reculer encore, sans doute pour charmer les mélancoliques loisirs de l’assemblée des astres, princes mystérieux des ciels maritimes. Celui qui vit en Normandie voit tout cela.
Extrait du texte Choses normandes,
écrit par Marcel Proust en septembre 1891