samedi 8 décembre 2018

Espace


Maisontiers 79 

Il pleut !
Ma pauvre petite maison,
maisonnette
fenêtres ouvertes
laisse entrer,
 balayant les miettes de ma table,
une douce vaguelette.
les deux bougeoirs argents sont éteint.
Le vent qui bourdonne
dépose sur mes sens
un bouquet d'odeurs venue d' une terre inconnue
comme un gâteau en cuisant réveille des rêves .
Un rayon de soleil me réchauffe les yeux
Une éclaircie s'annonce.


lundi 3 décembre 2018

Paradis d'enfance, paradis perdus ?

 
Aire de jeux buissonnière Le Tallud 79

Avec nos bidons en fer blanc on descendait chercher le lait
à la ferme au soleil couchant dans l'odeur des soirs de Juillet
on avait l'âge des confitures, des billes et des îles au trésor
Et l'on allait cueillir les mûres en bas...
dans la ruelle des morts
On nous disait que Barbe Rousse avait ici sa garnison
Et que dans ce coin de cambrousse il avait vaincu des dragons
on avait l'âge de nos fêlures et l'on était Conquistadors
on déterrait casques et fémurs en bas...
dans la ruelle des morts

         Hubert Felix Thiéfaine

dimanche 2 décembre 2018

Vingt Ans



Impatient  Charles Belle


Pour tout bagage on a vingt ans

On a l'expérience des parents
On se fout du tiers comme du quart

On prend l'bonheur toujours en r'tard
Quand on aime c'est pour tout' la vie
Cette vie qui dur' l'espace d'un cri
D'un' permanent' ou d'un blue jean
Et pour le reste on imagine


Pour tout bagage on a sa gueule
Quand elle est bath ça va tout seul
Quand elle est moche on s'habitue
On s'dit qu'on est pas mal foutu
On bat son destin comme les brèmes
On touche à tout on dit: "Je t'aime"
Qu'on soit d'la Balance ou du Lion
On s'en balance on est des lions ...



Pour tout bagage on a vingt ans
On a des réserves de printemps
Qu'on jetterait comme des miettes de pain
A des oiseaux sur le chemin
Quand on aime c'est jusqu'à la mort
On meurt souvent et puis l'on sort
On va griller un' cigarette
L'amour ça s'prend et puis ça s'jette



Pour tout bagage on a sa gueule
Qui cause des fois quand on est seul
C'est ç'qu'on appelle la voix du d'dans
Ça fait parfois un d'ces boucans ...
Pas moyen de tourner l'bouton
De cette radio, on est marron
On passe à l'examen d'minuit
Et quand on pleure on dit qu'on rit ...



Pour tout bagage on a vingt ans
On a un' rose au bout des dents
Qui vit l'espace d'un soupir
Et qui vous pique avant d'mourir
Quand on aime c'est pour tout ou rien
C'est jamais tout, c'est jamais rien
Ce rien qui fait sonner la vie
Comme un réveil au coin du lit



Pour tout bagage on a sa gueule
Devant la glace quand on est seul
Qu'on ait été chouette ou tordu
Avec les ans tout est foutu
Alors on maquille le problème
On s'dit qu'y a pas d'âge pour qui s'aime
Et en cherchant son cœur d'enfant
On dit qu'on a toujours vingt ans ...

Léo Ferré

jeudi 8 novembre 2018

Mélancolie



La mélancolie, c'est le bonheur d’être triste.

  Victor Hugo


C'est avoir le noir
Sans savoir très bien
Ce qu'il faudrait voir
Entre loup et chien

Léo ferré


Les poètes sont des oiseaux : tout bruit les fait chanter

Chateaubriand 

jeudi 1 novembre 2018

Flambées de fleurs





Les pentes des collines se chevauchaient au dessus du ruisseau. Des aubépines
et des pommiers étaient encore en pleine fleurs, en cette fin de Mai. le printemps
avait été très tardif cette année-là. Ces flambées de fleurs surgissaient au hasard
dans la verdure des prés et des bosquets, et semblaient insolites avec leur éclat
intense au cœur de cette campagne déserte.

A mesure qu'on avançait c'étaient de nouveaux sites, tous différents, étendues 
d'herbe nue jusqu'au ciel, plus loin de vieux pommiers, des cerisiers géants et 
puis des défilés d'arbustes, des prés entourés d'érables, des allées abrités de trembles
qui ne menaient nulle part, interrompues par des affleurements de calcaire avec des
thyms, des mauves, certains lieux bizarrement circulaires couverts de graminées
coupantes où jaillissaient des mélampyres rouges et des orchidées. Même il y
avait de petits précipices du haut desquels on dominait quelques cimes d’acacias.

André Dhôtel     L'honorable Monsieur Jacques   Folio page 211-214


lundi 15 octobre 2018

Alligator 427



Bordeaux 13 Octobre 2018



Alligators 427
Aux ailes de cachemire safran,
Je grille ma dernière cigarette.
Je vous attends.
Sur cette autoroute hystérique
Qui nous conduit chez les mutants,
J'ai troqué mon cœur contre une trique.
Je vous attends.
Je sais que vous avez la beauté destructive
Et le sourire vainqueur jusqu'au dernier soupir.
Je sais que vos mâchoires distillent l'agonie.
Moi, je vous dis : " bravo " et " vive la mort ! "

Alligators 427
À la queue de zinc et de sang,
Je m'tape une petite reniflette.
Je vous attends.
Dans cet étrange carnaval
On a vendu l'homo sapiens
Pour racheter du Neandertal.



Je vous attends.
Et les manufactures ont beau se recycler,
Y aura jamais assez de morphine pour tout le monde,
Surtout qu'à ce qu'on dit, vous aimez faire durer.
Moi, je vous dis : " bravo " et " vive la mort ! "

Alligators 427
Aux longs regards phosphorescents,
Je mouche mon nez, remonte mes chaussettes.
Je vous attends.
Et je bloque mes lendemains.
Je sais que les mouches s'apprêtent,
Autour des tables du festin.
Je vous attends.
Et j'attends que se dressent vos prochains charniers.
J'ai raté l'autre guerre pour la photographie.
J'espère que vos macchabées seront bien faisandés.
Moi, je vous dis : " bravo " et " vive la mort ! "

Alligators 427
Aux crocs venimeux et gluants,
Je donne un coup de brosse à mon squelette.
Je vous attends.
L'idiot du village fait la queue
Et tend sa carte d'adhérent
Pour prendre place dans le grand feu.
Je vous attends.
J'entends siffler le vent au-dessus des calvaires
Et je vois les vampires sortir de leurs cercueils
Pour venir saluer les anges nucléaires.
Moi, je vous dis : " bravo " et " vive la mort ! "

Alligators 427
Aux griffes d'or et de diamant,
Je sais que la ciguë est prête.
Je vous attends.
Je sais que dans votre alchimie,
L'atome ça vaut des travellers chèques
Et ça suffit comme alibi.
Je vous attends.
A l'ombre de vos centrales, je crache mon cancer.
Je cherche un nouveau nom pour ma métamorphose.
Je sais que mes enfants s'appelleront vers de terre.
Moi, je vous dis : " bravo " et " vive la mort ! "

Alligators 427
Au cerveau de jaspe et d'argent,
Il est temps de sonner la fête.
Je vous attends.
Vous avez le goût du grand art
Et sur mon compteur électrique,
J'ai le portrait du prince-ringard.
Je vous attends.
Je sais que, désormais, vivre est un calembour.
La mort est devenue un état permanent.
Le monde est aux fantômes, aux hyènes et aux vautours.
Moi, je vous dis : " bravo " et " vive la mort ! "

Je vous attends.
Je vous attends.
Je vous attends.
Je vous attends.

Hubert Felix Thiefaine

dimanche 29 juillet 2018

Les Babioles Coventry PATMORE



Mon petit garçon avec ses yeux pensifs
ses gestes et ses mots tranquilles de grande personne
m'a désobéi pour la septième fois,
et je l'ai frappé, je l'ai renvoyé
durement sans l'embrasser,
car sa mère qui était patiente est morte.
Puis j'ai eu peur que le chagrin l'empêche de dormir
et j'ai été le voir dans son lit,
mais il était dans un profond sommeil
paupières battues et cils encore mouillés
de son dernier sanglot.
Alors, ému, je l'ai embrassé
et mes larmes remplaçaient les siennes,
car sur une table tirée à son chevet
il avait mis à portée de sa main
une boite de jetons et une pierre veinée de rouge,
un bout de verre usé par la plage
et six ou sept coquillages,
une bouteille avec des campanules,
et deux sous français, le tout rangé avec soin
pour consoler son pauvre cœur.
Et ce soir là, dans ma prière,
j'ai pleuré, j'ai dit à Dieu :
Ah, quand à la fin nous serons couchés sans un souffle
et que, morts, nous te blesserons plus
tu te rappelleras de quelles babioles
nous avons fait nos joies 
et comme nous avons peu compris
ta grande loi de bonté.
Alors tu ne seras pas moins père
que moi dont tu as pétri l'argile,
tu laisseras ta colère, tu diras :
voyons ce sont des enfants.

   
      Coventry PATMORE


                                                                    Recueilli dans Dieu en poésie de Jean GROSJEAN



samedi 30 juin 2018

L’homme est comme un oiseau en cage



Oiseaux engourdis, la prison est ouverte,
et vous n’osez pas voler.
Je vous effraie, afin que vous voliez.


 Dialogues avec l'Ange           Gitta Mallasz


mardi 12 juin 2018

L'oubli





    
"Le voleur part 
n'a  oublié qu'une chose-
la lune à la fenêtre "


                Ryokan

dimanche 3 juin 2018

Le pain divin




- Réjouissons-nous d'une seule Joie en LUI.
Le pain que tu as reçu dans ta main
n'est pas encore bon à manger sur terre.
Il faut qu'il soit cuit dans le four. Ne t'inquiète pas!
Ni le pain, ni le four ne brûle,
seulement le bois qu'on appelle la "personne".
Et c'est à son feu que le pain,
qui sera bon à manger, cuit.

                                                                                  Dialogues avec l'Ange

vendredi 4 mai 2018

Chopin - Spring Waltz (Mariage d'Amour)





A chaque instant , un mariage avec ce qui est !
Et peut-être  que ,juste là , l'amour vient à notre rencontre

vendredi 13 avril 2018

Ne plus penser




Ne plus penser à rien, c'est commencer à bien penser.

"Il n'est rien de plus doux que de contempler ce qui nous comble.

                                                               Christian Bobin 

lundi 12 mars 2018

Pardonner !!



Quand je vois des arbres déchiquetés de cette façon,
je laisse passer la colère . Je me dis simplement que la vie
qui nous permet d’être est aussi toute puissante 
dans ces arbres , comme dans tout .
Une phrase de Christian Bobin me console:

Aimer, c'est s'approcher au plus près de l'autre jusqu'à éprouver de l'intérieur ses mouvements.


dimanche 25 février 2018

lundi 19 février 2018

Aquarelle



Une goutte de nos sangs
A glissée sur une nappe d’eau
On dirait une aquarelle
Qui se fait ou se défait
Sur l’infini bleu ciel.
Cela ressemble à un nuage
Qui se mélange 
Aux autres nuages.

 Une sensation étrange
 Traverse  mon corps,
Surprend mon âme,
Une petite marre
Au milieu du chemin
Reflète l’infinie.
La goutte de couleur
S'est évaporée.

mardi 6 février 2018

L'hiver




Il nous appartient - quand tout nous fait défaut et que tout s'éloigne - 
de donner à notre vie la patience d'une oeuvre d'art,
la souplesse des roseaux que la main du vent froisse,
en hommage à l'hiver. Un peu de silence y suffit.

Christian BOBIN
 des roseaux que la main du vent froisse, en hommage à l'hiver. Un peu de silence y suffit.

mercredi 31 janvier 2018

Meditation



Toute la journée peut devenir méditation, 
Je crois bien que je vais acheter un mouton
pour chasser les pensées qui viennent sans crier gare
dans l'espace au dessus de mes épaules, 
comme sur l’astéroïde b612 où les baobabs seraient ,
 s'ils devenaient trop gros :  destructeurs.




jeudi 11 janvier 2018

Le revêtement d'images




Alors je ne m’occupais plus de cette chose inconnue qui
s’enveloppait d’une forme ou d’un parfum, bien tranquille
puisque je la ramenais à la maison, protégée par le revêtement
d’images sous lesquelles je la trouverais vivantes, comme les
poissons que, les jours où on m’avait laissé aller à la
pêche, je rapportais dans mon panier, couverts par une couche
d’herbe qui préservait leur fraîcheur. Une fois à la maison je
songeais à autre chose et ainsi s’entassaient dans mon esprit
( comme dans ma chambre les fleurs que j’avais cueillies dans
promenades ou les objets qu’on m’avait donnés ) une pierre
où jouait un reflet, un toit, un son de cloche, une odeur de feuilles,
bien des images différentes sous lesquelles il y a longtemps qu’est
morte la réalité pressentie que je n’ai pas eu assez de volonté
pour arriver à découvrir.


                                                               Marcel Proust

            La recherche                    Du côté de chez Swann                Page 179 La Pléiade 1954