Chaque fois qu'il y a quelque chose en nous de négatif,
il y a une espèce de complaisance à l'égard de cet élément,
dès qu'il est là on va continuer à le moudre. Si on ne
continuait pas à le moudre, il mourrait tout seul mais on
continue en vertu d'on ne sait quelle fidélité. Une fois
que l'on aura compris que tout cela n'avait aucune réalité
propre à opposer à notre réalité véritable, eh bien, on ne
songera plus à moudre un état d'âme qui nous apparaîtra
comme fondamentalement illusoire ! Ce qui n'implique
pas que l'on doit traiter avec mépris et sévérité cette illu-
sion ; en tant qu'illusion elle est charmante. Ce qui veut
dire qu'en fait un homme bien portant peut rompre avec
son identité la plus fondamentale à tout instant. Ce n'est
pas le phénomène de l'identité qui est pervers, c'est notre
relation avec l'identité. Ce n'est pas d'être "cela" qui est
pervers, c'est que "cela" se referme sur nous comme une
étreinte et nous réduise à sa teneur. Il n'y a pas d'anti-
nomie entre "je suis" et "cela" , ou "je suis" n'est pas
antinomique à "je suis cela" fondamentalement, simple-
ment "cela" n'a pas le droit d'accaparer mon identité
fondamentale.
Stephen Jourdain Le Miracle d'Être
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